Diagnostic précoce de la Maladie d'Alzheimer

La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative qui affecte plusieurs régions du cerveau de façon graduelle. Actuellement, la maladie est diagnostiquée au stade de démence, c’est à dire, quand les atteintes cognitives ont un impact significatif sur l’autonomie de la personne. Or, les anomalies cérébrales qui causent la maladie commencent des années avant que les symptômes cognitifs ne soient très apparents.

Comme les signes de la maladie apparaissent très graduellement pendant cette phase, il est difficile de les identifier. Pourtant, c’est une phase pendant laquelle on pourrait agir pour limiter les atteintes qui s’installent progressivement !

Une partie de nos travaux visent donc à trouver des façons d’identifier le plus rapidement possible la maladie d’Alzheimer avant que les symptômes ne soient trop sévères.

Diagnostic cognitif

La phase précédent la démence est appelée phase prodromale. Pendant cette phase, les personnes ne présentent pas ou peu de troubles cognitifs. Certaines personnes présentent un déclin cognitif subjectif; elles ont l’impression que leur mémoire n’est pas aussi bonne qu’avant et cela les préoccupe mais elles ne montrent pas d’atteintes observables quand on mesure leur mémoire avec des tests cliniques classiques. D’autres personnes vont présenter un trouble cognitif léger; elles s’inquiètent aussi de leur mémoire et on observe des atteintes légères sur les tests cliniques.

Quand on suit les personnes avec un déclin cognitif subjectif ou un trouble cognitif léger avec un examen cognitif annuel, on observe qu’elles ont plus de risque de progresser vers une démence que les personnes sans inquiétude ou sans trouble léger.

- « Apprendre à reconnaître et mieux comprendre ces stades précoces permettraient de développer des interventions – comportementales ou pharmacologiques - qui pourraient influencer le devenir de la maladie. » - Le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer est donc un enjeu fondamental et un des objectifs de nos travaux de recherche.

Attention, ce ne sont pas toutes les personnes présentant un trouble cognitif léger qui souffrent d’une maladie d’Alzheimer. Certaines vont rester stables, voire même retourner à la normale.

Grâce à l’utilisation de tests cognitifs et de l’imagerie cérébrale, nos travaux de recherche ont permis de distinguer les individus qui resteront stables de ceux qui ont effectivement la maladie environ 3-4 ans avant la démence. Comme la maladie commence 10-20 ans avant la démence, nous tentons maintenant de trouver des outils sensibles et spécifiques pour reculer encore plus le moment où nous pourrons faire cette distinction.

Il est important que les personnes qui notent des changements sur le plan de leur mémoire consultent un professionnel de santé.  

Détecter les changements sur le plan de l’activation cérébrale 

Une grande partie de notre travail porte sur l’effet de la maladie d’Alzheimer sur l’activité cérébrale. Pour cela, nous faisons appel à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) fonctionnelle ; cette technique permet de visualiser l’activité du cerveau lorsque l’individu est en train de réaliser une tâche cognitive.

Au stade de démence, la maladie d’Alzheimer s’accompagne d’une hypoactivation cérébrale, c’est à dire que le cerveau est moins actif que la normale quand la personne réalise une tâche. Cela reflète la mort neuronale et les dysfonctions des neurones qui ne peuvent plus faire leur travail.

Or, les travaux de notre laboratoire ont montré que dans les stades précoces de la maladie, quand les personnes ont une plainte subjective ou un trouble cognitif léger, le cerveau est, au contraire, encore plus actif que la normale. On parle alors d’hyperactivation cérébrale.

« Le fait d’observer cette hyperactivation chez des personnes avec un trouble cognitif léger ou une plainte sans trouble cognitif indique que l’activation anormale de ces zones pourrait être observée plusieurs années avant le diagnostic et prédire l’apparition de la maladie », explique Sylvie Belleville.

Cette hyperactivation cérébrale, combinée avec des analyses génétiques et des tests cognitifs, pourrait devenir un biomarqueur pour identifier la maladie plusieurs années avant l’apparition des premiers signes cliniques, tels que les troubles de mémoire, de jugement et de langage. 

*https://www.alz.org/media/documents/alzheimers-facts-and-figures-2019-r.pdf

Pour aller plus loin :

Consortium pour l’identification précoce de la maladie d’Alzheimer-Québec (CIMA-Q) 

Le Consortium pour l’identification précoce de la maladie d’Alzheimer-Québec (CIMA-Q) regroupe plus de 130 chercheurs de toutes les disciplines et de partout au Québec qui mettent leur expertise en commun pour diagnostiquer plus rapidement la maladie d’Alzheimer, comprendre ses causes, tester des thérapies efficaces et identifier les facteurs qui rendent les personnes plus vulnérables. Depuis 2015, CIMA-Q recrute et fait le suivi annuel d’une cohorte d’environ 350 personnes âgées de 65 ans et plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer. Les participants sont vus pour une évaluation clinique, neuropsychologique, neuropsychiatrique et pour un recueil d’échantillons sanguins. Certains reçoivent également un examen d’imagerie par résonnance magnétique, une tomographie par émission de positon et/ou une ponction lombaire. Il est ainsi possible de suivre le développement des symptômes et d’identifier ceux qui vont développer des atteintes cognitives. L’identification précoce de la maladie d’Alzheimer augmente de beaucoup les chances de succès des interventions, améliorant ainsi la qualité de vie des aînés aux prises avec cette terrible affection. Le Consortium fourni aux chercheurs un libre accès à une base de données d’envergure qui leur permet de stimuler l'innovation et l’avancement des connaissances dans le domaine.